« Nous pédiatres cliniciens, radiopédiatres et praticiens de pédiatrie médico-légale avons confirmé le 27 octobre 2020 au Ministère de la Santé, le message d’alerte, qui nous mobilise ensemble depuis plusieurs semaines, concernant l’augmentation des violences faites aux enfants depuis le confinement en mars 2020 et l’intensification de la lutte contre l’épidémie de COVID-19 en France. Cela est basé sur des observations multiples des professionnels sur le terrain, certaines signalées dans les médias, et sur des travaux scientifiques solides, en cours de publication dans des revues internationales.
Notre propos n’est pas de remettre en cause la lutte contre l’épidémie, qui nous implique aussi beaucoup dans nos hôpitaux. Nous avons dès le début répondu à l’appel pour y participer activement. Notre propos est d’affirmer clairement que la dégradation de la santé physique et mentale des enfants et adolescents en France ne doit pas être un dommage collatéral, toléré, de la lutte contre l’épidémie. L’aggravation de la maltraitance des enfants, et probablement des adolescents, depuis le début du confinement n’est pas acceptable. L’urgence du présent ne doit pas occulter l’avenir.
La niveau de maltraitance des enfants et adolescents en France n’était déjà pas acceptable avant le confinement. Un « plan de lutte contre les violences faites aux enfants » a été rédigé en ce sens, par le Secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance du Ministère de la Santé, M. Adrien TAQUET, en novembre 2019, parlant d’ « urgence », d’ « enjeu prioritaire » et de « combat de société pour les années 2020 ». Nous retenons particulièrement : « désigner (et renforcer !, ajout par nous) des équipes pédiatriques référentes » (point 7) et « renforcer les données sur les violences subies dans l’enfance » (point 19). Nous demandons une mise en place activée du point 7, dès le 1er trimestre 2021, et proposons un observatoire épidémiologique national opérationnel dès cette période.
Nous pédiatres cliniciens, radiopédiatres et praticiens de pédiatrie médico-légale sommes prêts à répondre, dès maintenant, à l’urgence renforcée de la lutte contre le fléau de la maltraitance des enfants, processus « épidémique » associé à l’épidémie de COVID-19, en collaboration avec tous les acteurs concernés par la protection de l’enfance. Agir rapidement par les équipes pédiatriques référentes et observer l’évolution des violences faites aux enfants, mois par mois. Le premier pas doit venir de l’activation urgente de ce plan, la lutte contre la maltraitance des enfants reste enjeu national prioritaire et un combat de société pour notre Nation, protectrice de ses enfants par essence, pour la décennie à venir. »