OBJECTIFS et INTERET
Les principaux objectifs de l’échographie cervicale et thyroïdienne sont de:
1) Déterminer la localisation anatomique et l’extension d’une masse cervicale et étudier son échostructure et sa vascularisation, ce qui peut conduire à un diagnostic étiologique précis.
2) Apprécier le caractère collecté ou non d’un adénophlegmon cervical, en vue d’un éventuel drainage.
3) Confirmer l’existence d’un goitre et préciser son échostructure.
4) Analyser la thyroïde en cas d’hypothyroïdie congénitale.
L’échographie cervicale peut aussi permettre d’étudier le larynx et la région rétro et latéro-pharyngée (suspicion d’abcès) mais ces indications sont plus rares.
TECHNIQUE
L’échographie cervicale est réalisée en décubitus dorsal après mise en place d’un billot sous les épaules de l’enfant. On utilise une sonde de haute fréquence. L’étude de la région latéro- et rétropharyngée nécessite une technique particulière avec des sondes de plus basse fréquence. L’usage du mode doppler est souvent intéressant dans l’analyse des masses cervicales et des goitres ou pour repérer la carotide dans les abcès rétro-pharyngés.
RESULTATS PATHOLOGIQUES ET ERREURS
Lorsque l’échographie est réalisée du fait de la présence d’une masse cervicale, il est souvent facile de distinguer une masse kystique d’une masse solide. Cependant, dans certains cas, soit que le kyste soit surinfecté, soit qu’il ait un contenu hyperéchogène, dit « pseudo-plein », le caractère kystique peut être méconnu. Le mode doppler est souvent utile dans ces cas. La plupart des kystes sont congénitaux, en rapport avec des anomalies du tractus thyréoglosse (document 1), des reliquats des arcs branchiaux ou dans le cadre de malformations du système lymphatique. Certaines adénopathies peuvent être très hypoéchogènes ou nécrosées, pseudo-kystiques. Le hile vasculaire est bien visible en doppler, sauf lorsque l’évolution s’est faite vers l’abcédation. L’échographie ne permet pas d’affirmer la nature des adénopathies (infectieuses ou tumorales).
Toute masse cervicale dont on n’arrive pas à voir tous les contours en échographie doit impérativement être explorée par une imagerie en coupes afin de rechercher un prolongement éventuel vers la base du crâne, le médiastin ou le rachis.
Le fibromatosis colli dont le diagnostic est souvent aisé cliniquement et ne nécessite pas d’examen complémentaire est de diagnostic facile en échographie à condition que la pathologie soit connue de l’échographiste et que des coupes anatomiques aient permis de localiser la masse dans le muscle sterno-cleïdo-mastoïdien. Dans les autres cas, de nombreuses erreurs sont observées, la masse étant prise à tort pour une adénopathie.
Dans l’hypothyroïdie congénitale, la distinction chez le nouveau-né entre glande en place de taille normale et loge thyroïdienne vide nécessite de l’expérience et est source d’erreurs.
Fig 1 : coupe transversale de la thyroïde chez un nouveau-né présentant une trisomie 21 et une hypothyroïdie congénitale. On note une augmentation modérée des dimensions transversales et antéropostérieures des lobes thyroïdiens (7-8 mm plutôt que 5-6 mm à cet âge) et de l’épaisseur de l’isthme. Il s’agit d’un goitre modéré homogène.
CONDITIONS DE REALISATION
C’est un examen réalisable à tout âge et qui ne nécessite pas que l’enfant soit à jeun. Chez les nouveau-nés et les nourrissons, on utilise une tétine pour que l’enfant soit calme et on demande à la personne accompagnant l’enfant de bien maintenir sa tête droite, l’enfant regardant au plafond.
RESULTATS NORMAUX
Une échographie cervicale comprend toujours une étude de l’ensemble du cou, depuis la base de langue en haut jusqu’au thymus en bas.
Quelle que soit l’indication, l’analyse de la thyroïde est systématique. Les trois dimensions de chaque lobe thyroïdien et l’épaisseur de l’isthme sont mesurées et appréciés en fonction de l’âge de l’enfant. L’échostructure de la thyroïde est analysée. Une thyroïde normale est homogène et hyperéchogène par rapport aux muscles environnants.
On étudie également les glandes salivaires, les principaux repères vasculaires. Il est très fréquent chez l’enfant d’observer des ganglions infra-centimétriques au niveau des chaînes jugulo-carotidiennes et/ou spinales ainsi que des ganglions sous-angulo-maxillaires ou intra-parotidiens.
Le mode doppler couleur permet d’apprécier la vascularisation et peut suggérer la nature vasculaire d’une masse.
RECOMMANDATIONS POUR LA PRATIQUE CLINIQUE (RPC)
Il est très important en cas de masse cervicale, de préciser la date d’apparition de la masse, sa consistance (ferme, dure, molle), les modifications éventuelles de taille de la masse aux cris et de couleur de la peau en regard, la présence éventuelle d’autres anomalies (cutanées) à distance de la masse, l’existence éventuelle d’une fistule cutanée.
Les adénopathies cervicales d’allure banale cliniquement, très fréquemment observées chez l’enfant, ne sont pas une indication d’échographie.
La découverte d’une hypothyroïdie congénitale doit conduire à la réalisation systématique d’une échographie quels que soient les résultats de la scintigraphie, ces deux examens se complétant.
Guide du bon usage des examens d'imagerie médicale, recommandation 13M.
NOTES, BIBLIOGRAPHIE
1. Meuwly JY, Lepori D, Theumann N, Schnyder P, Etechami G, Hohfeld J, Gudinchet F. Multimodality imaging of the pediatric neck : techniques and spectrum of findings. Radiographics 2005; 25(4): 931-48
2. Chanoine JP, Toppet V, Lagasse R, Spehl M, Delange F. Determination of thyroid volume by ultrasound from the neonatal period to late adolescence. Eur J Pediatr 1991; 150: 395-99
3. Garel C, Léger J. Thyroid imaging in children Endocr dev 2007; 10:43-61
4. de Bruyn R Cou In: de Bruyn R, editor. Echographie pédiatrique. Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson; 2007. p. 250-64.
5. Geoffray A. Masse cervicales In: Adamsbaum C, editor. Imagerie pédiatrique et fœtale. Paris: Flammarion; 2007. p. 245-52.
6. Geoffray A. Thyroïde In: Adamsbaum C, editor. Imagerie pédiatrique et fœtale. Paris : Flammarion; 2007. p. 253-55.
AUTEUR
Dr Garel C